« Ailleurs », ce mot m'a toujours donné des frissons agréable. En fait, depuis l'enfance, je ne sais pas d'où je viens... pas d'ici en tout cas. Quelque part sur la terre ? Là-bas dans les étoiles ? Je ne sais pas où est ma place, je ne la trouve pas parmi les humains occidentaux qui m'entourent. Plus jeune, j'étais cette gamine rêveuse, la tête dans les nuages, l'esprit en plein orbite dans la voie lactée. Je n'avais pas vraiment d'amies ou de copains, je comprenais pas les autres enfants et leurs désirs de ressembler à des adultes miniatures. Je n'étais pas intéressée par le maquillage, les vêtements à la mode ou la dernière technologie. J'avais envie de voyager, de découvrir, d'explorer, de me salir les mains. Je lisais des documentaires sur les animaux et je me passionnais, je regardais les planètes au télescope et si j'allumais la télévision, c'était pour voir une science-fiction sur les dinosaures. Avant, j'en étais persuadée : j'étais une extraterrestre. C'était une bonne optique pour pouvoir imaginer tout un univers, un peuple, une faune et une flore. Mon peuple était né et je m'imaginais discutant avec eux, leur rendant parfois visite sous la forme d'un spectre. J'ai très vite voulu leur donner des traits propres aux humaines et humains : un goût pour la politique, la culture et la notion de pays. Je m'en suis rapidement dégoûtée. Ensuite, j'ai pensé alors de m'enticher sur la nature de notre Terre, examiner les fourmis à la loupe ou lire une encyclopédie sur les animaux. Je me suis rapidement identifier en tant que l'un des leurs, tantôt le loups, le renard ou le blaireau. Je me suis tant reconnue en ces derniers, pourtant, ça ne collait toujours pas. Je suis restée alors a errer un bon moment avec mes aliens d'un côté, mes mustélidés de l'autre. Pour éclairer un peu ce questionnement problématique, je dois faire la part des choses.
Il est clair que les galaxies me passionnent, bien plus que le principe des multivers, j'ai toujours eu l'impression que l'univers m'appelait. Encore enfant, je croyais que mon père, ingénieur, construisait une fusée pour partir à la conquête de la lune. Je le racontais déjà en maternelle sous le regard étonné de mes copines. Finalement, je me suis rendue compte que je me faisais des idées et, pour me consoler, mes parents m'ont offert des articles d'astronomie comme des pierres ou des bouquins. Quand je m'ennuyais, il m'arrivait de fantasmer – en classe ou à la récréation - sur l'idée de tomber nez-à-nez avec des êtres d'autres mondes. Je pensais à eux, les Maihyorn, je communiquais avec eux -ou ce qui me semblait être eux- par télépathie. Je m'étais familiarisé avec l'une des familles, un père attiré par les garçons et son fils. Hélas, je savais que tout cela était l’œuvre de mon imagination. J'ai rapidement me retirer du crâne ces espoirs, les professeurs me forçaient à retourner en phase avec la réalité. Encore aujourd'hui, les musiques teintées par des notes de xylophones me font voyager des les étoiles. Avant, je me refusais de les écouter tellement leur effet était intense chez moi : je m'élevais un peu trop et je retombais en larmes. Maintenant, ces sons nostalgiques sont les plus agréables à entendre.
L'animalité quant à elle, était déjà présente : elle se lovait en chacun de mes extra-terrestres. Cette sauvagerie s'exprimait par des cris bestiaux, des hurlements de loups aux ronronnement de félins, des gestes et mimiques de créatures terrestre. Cela me parlait beaucoup. Marquer son territoire, mordre, griffer, creuser un terrier, allaiter ses petits, dormir entassé les uns sur les autres, se nourrir d'insectes grouillants. J'en rêvais tellement. Je me voyais crier autour du feu à l'unisson avec les miens, se dépenser, se couvrir de boue. Ça avait du sens, un vrai sens, plus que de faire ses devoirs ou de jouer avec des potes.
Si on rassemble le tout, ce qui faisait l'unicité de mes créatures, c'est de les rendre parlantes et réfléchissantes sans pour autant quitter leur animalité.
Maintenant, je me dois de faire les liens entre tout ça et de leur choisir une forme stable avec mes brides de souvenirs et de rêveries...