Besoin de quelques avis sur ma dernière Méditation

Comme la dernière fois que j'ai médité (et la toute première d'ailleurs) j'ai lancé une musique longue sur mon ordinateur et je me suis allongée, les mains posées sur ma poitrine, bien installée sur le dos et les pieds croisés.
La musique, elle n'était pas agressive, mais c'était un album de musiques regroupant plusieurs instruments, comme le piano, le violon, la guitare, la flûte... le genre de musiques accompagnant les films d'aventure dans les moments un peu "fermiers", joyeux, ou encore les documentaires animaliers.

J'ai voulu me retrouver dans ma clairière, où j'ai instinctivement pris l'habitude d'aller depuis ma première et seule véritable méditation.
Il m'a été très difficile de la faire apparaître, j'étais parasitée par des pensées toutes plus vives (voire même absurdes) les unes que les autres.
J'ai instinctivement utilisé une partie de la méthode employée par un ami pour me calmer et tenter de les évacuer : me retrouver dans une salle complètement noire, et tenter de ne voir rien d'autre que du noir. Je me suis retrouvée temporairement en position foetale, nue comme au premier jour, flottant dans un univers entièrement noir, mais strié, grisé par des pensées parasites, un peu comme la "neige" d'une télé mal réglée. J'ai tenté d'évacuer au mieux tout cela, puis sans transition (ou en tout cas, je ne l'ai pas calculée) je me suis retrouvée au milieu de ma clairière de manière un peu floue et difforme. J'ai donc réessayé de me l'imaginer dans ses moindres détails, mais ma musique, sans son de nature de type chants d'oiseaux ou vent dans les feuilles, m'a empêché de m'immerger.
Cependant, j'ai tout de même ressenti quelque chose, ou quelqu'un, avec des émotions brouillées. Il voulait que je parte. Il voulait que je vienne. Il ne savait plus où il en était. Mes pensées ont de nouveau dérivé et je suis me suis plongée dans un état de sommeil léger quelques minutes, avant de me "réveiller" à cause d'un bruit de piano un peu trop fort. Une larme avait coulé de ma joue, la sensation me grattait le visage, je suis sortie de la méditation (qui n'en était pas vraiment une du coup, encore une fois) afin de changer de musique et d'essuyer cette fichue larme. Selon une autre amie, avec qui je me trouvais en cam au moment de partir en exploration, tout ceci avait déjà bien duré une bonne demi-heure.

J'ai donc remis la bande-son qui me semble toujours la plus appropriée : c'est une scène, filmée, où l'on ne voit que de grands arbres aux fleurs et feuilles tout dans les tons de violet. La vidéo, qui dure huit heures, enregistre tous les bruits naturels et d'animaux aux alentours. Il n'y a pas un brin de vent, on n'entend quasiment que les chants et les cris d'une multitude d'oiseaux.

Je me suis ensuite réinstallée dans la même position que précédemment, et tout de suite, il m'a été plus facile de m'immerger dans ma clairière. De grands rayons de soleil ont très vite chauffé mon dos qui était à nouveau à nu.
J'étais animale, j'étais puma.
La petite clairière était complètement envahie par de douces herbes très hautes, qui m'atteignaient presque le ventre. Un rocher, pas très grand, trônait au centre de la clairière. Il faisait environ deux ou trois fois ma hauteur de puma, avait un sommet légèrement pointu. On peut s'y asseoir ou s'y adosser en humain sans problèmes. Tout autour de la clairière se dressent de grands arbres. Entre les troncs, on distingue la forêt, une forêt dense, un peu grise, tout du moins très sombre. Il n'y fait pas bon s'y aventurer, en tout cas, elle ne donnait pas envie. Sur un côté (ma droite) se trouve un ruisseau juste à la lisière de la forêt, un peu en contrebas.

Toujours sous forme puma, je commence à explorer un peu, faire le tour de la clairière, pour m'immerger dedans. Je m'arrêta au pied du rocher et me laissa fasciner par une fourmilière d'où partait deux colonnes de fourmis noires (une vers la gauche, une vers l'arrière, presque entre mes pattes). Instinctivement, j'ai gratté un peu un côté de la fourmilière pour dégager les herbes. Les fourmis se sont légèrement affolées, puis ont repris leur routine. J'ai suivi sur quelques pas la colonne de fourmis qui partait vers la gauche, puis je m'en suis éloignée, et je me suis allongée dans l'herbe. Là, ma "vue" passa à la troisième personne. Je me suis vue en puma rouler et me frotter dans l'herbe haute, mon pelage doré chauffant sous le soleil dont je voyais les rayons traverser la clairière et frapper le sol.

Je sentis peu après une présence non-loin de moi.
Je m'arrêtai de rouler et resta attentive. Il faut dire que lors du premier essai (avec la première musique) puis le second essai (celui-ci), je n'ai pas arrêté de l'appeler. Lui, Atsyl. Lui, celui qui n'a pas vraiment de nom. Lui, celui qui m'a montré, consciemment ou non, qu'il m'aimait. Je l'ai appelé, encore et encore, en lui disant que tout irait bien, que je voulais faire connaissance, que je voulais me rapprocher de lui, que je voulais savoir qui il était. Inlassablement, je l'ai appelé, en gardant le peu de foi qui me restait, qu'il me répondrait.
La présence se fit sentir plus intensément. Une impression d'être sur la défensive, pas hostile, mais pas du tout rassuré non plus.
Puis je distingua deux yeux ambrés entre les arbres, dans la forêt sombre. Ambrés du type flamboyant. C'était un loup énorme, noir comme la nuit, en tout cas, dans l'ombre de la forêt. Atsyl avait les yeux bleus glace lors de mes rencontres précédentes avec lui... Pourtant, mon instinct me dit que c'est bien lui. Et qu'il n'allait pas bien.

Je vois son museau se plisser, ses dents se découvrir à moitié seulement.
Il ne voulait pas me repousser, mais me prévenir qu'il ne fallait pas que je cherche trop.

J'attendis donc, en tâchant de paraître la plus sympathique possible dans mon attitude, en tentant au mieux de le rassurer. Je voulais savoir ce qui n'allait pas, je voulais aider.

Au bout d'un long moment de réticences et d'insistances, il sortit enfin des sous-bois, toujours avec le museau plissé et les yeux flamboyants. C'est alors que je ressentis une douleur dans la poitrine, devant le spectacle qui s'offrait à mes yeux. Il avait une flèche enfoncée dans la cuisse droite. Une plaie vraiment pas belle à voir, qui était un peu gonflée autour de la tige de la flèche.
Mon expression stressée a dû se faire remarquer, car il s'arrêta juste après être entré entièrement dans la lumière. C'était bien Atsyl. Loup gigantesque au pelage noir, tirant très légèrement sur le brun, avec des reflets cuivrés dans les poils, dûs aux rayons de soleil se reflétant dessus, et avec son éternelle tâche blanche sur la poitrine.
Je m'approchai de lui lentement.
- Comment c'est arrivé ?
J'avais le souffle coupé. Je ne comprenais pas.
Il me lança un regard avec un sourire à demi amusé.
- Tu n'es pas la seule à avoir été blessée par les derniers évènements, m'a-t-il répondu.
Mon cerveau ne fit qu'un tour. Il parlait d'elle. (Petit arrêt sur ceci. Récemment, j'ai perdu une amie très chère à mes yeux de la manière la plus rude qui soit. Dans notre groupe d'amis très soudé (ma meute), elle nous a balancé un peu nos quatre vérités à la tronche, nous a dit que certaines choses qu'on avait fait avec elle était une erreur. Je ne pousserai pas plus loin la description de ce qui s'est passé, sachez juste que c'est quelque chose de très douloureux et de très difficile pour ma meute et moi, qui s'est passé peu après le nouvel an)

Je le guidais instinctivement vers le rocher, lui dis qu'il pourrait s'allonger contre. Il fallait que je lui retire cette flèche, il fallait que je le soigne.
Il s'allongea avec un grondement trahissant toute la tension de ses muscles dans l'effort d'avoir bougé. Sans un mot de plus, je me retrouvai près de sa cuisse, en humaine cette fois. Ma vue est repassée à la première personne. Mon genou s'écrasa sur un petit caillou que j'enleva d'un frottement de la main agacé. Je portais un short, et manifestement, un t-shirt.
Mais peu importe.

Je regardais plus en détail ce que je voyais de la flèche et de la plaie. La hampe portait des plumes grises et noires taillées, le bois de la flèche était sombre, presque grisâtre. La plaie quant à elle, est profonde. Je fis comprendre au loup que j'allais l'enlever, il ne dit rien et attendit.
J'ai commencé à prendre la flèche dans mes mains, puis à tirer. Il gronda de douleur mais ne réagit pas. Il semblerait qu'il aie retrouvé un peu confiance en moi. La flèche bougea très peu : elle s'était fichée dans l'os de sa cuisse. Vraiment profonde.
Je le regardais désemparée, mais son regard amusé me fit comprendre qu'il me prenait encore pour une hypersensible, et qu'il survivrait un peu plus à la douleur même si j'y allais plus fort pour la dégager. Je pris donc mon courage à deux mains et arracha la flèche d'un coup. Le loup gronda encore de douleur, bien plus fort cette fois-ci, puis soupira et me regarda. Moi, j'avais les yeux rivés sur la flèche. Du sang noir coagulé s'était logé sur la pointe. La pointe quant à elle, était faite d'un acier gris très sombre. Avec un air de dégoût, je la jeta à travers la clairière.
Un moment de flottement et de réflexion se passa alors, pendant lequel j'entendis un mouton bêler très au loin dans ma bande son, dans mon oreille droite. Instinctivement, j'ai relevé la tête vers le bruit, et lui en a fait de même, les oreilles en avant, avant de me sortir un "putain, ton truc m'a donné faim" avec un air dépité. Cela m'a fait éclater de rire. Lui comme moi étions parfaitement conscients que les moutons ne faisaient pas partie des alentours de la clairière, mais venaient bien des bruits factices de la bande son qui passait dans mes oreilles. Un autre bêlement a suivi le premier peu après, on a de nouveau tourné la tête, mais sans plus de réactions.
Je continuai donc la conversation.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demandais-je à nouveau.
Il me regarda d'un air où se mélangeait colère, tristesse, mais aussi amusement. Il n'arrêtera jamais de se foutre de ma gueule.
Il m'expliqua alors que depuis la dernière vraie méditation que j'avais pu faire, il n'avait pas ressenti le besoin de se montrer à nouveau, il s'était donc effacé et il a préféré que je l'oublie un peu. Il était toujours dans un coin de ma tête, mais il est vrai qu'au cours de cette longue année, je n'ai pas pensé plus que ça à re-méditer pour retourner le voir. J'avais sûrement un peu peur aussi.
Un déclic s'est produit il y a quelques mois, en parlant de méditation et des animaux-totems avec ma meute. Là, une forte vague d'amour traversa mon corps, et m'avait laissée désemparée, car j'avais bien ressenti qu'elle n'émanait pas de moi. Une deuxième avait suivi le lendemain, mais moins forte dans un autre contexte. C'est là que j'ai commencé à fortement repenser à lui. J'en ai parlé avec mes amies, mais je ne me sentais pas prête à re-méditer. J'avais peur d'inventer des choses. Je voulais être sûre de ce que j'allais voir, de ce que j'allais rencontrer, je n'avais pas besoin d'illusions auxquelles me rattacher. Des disputes, des ruptures, des tensions, tout ça était déjà bien assez à mon goût.
Puis, il y eut le sujet des alters. J'ai ensuite repensé à la manière dont mon mental, et mes agissements avaient changé dernièrement. Plus masculins, plus sûrs aussi, une personnalité bien trempée qui remplaça peu à peu la timide (mais pas trop) jeune femme que j'étais.
Il fallait que je retourne le voir. Il l'avait senti, mais il ne pensait pas que c'était une bonne chose. J'ai attendu encore longtemps avant de me décider à retenter enfin une méditation. C'était sans compter d'autres évènements récents qui ont bouleversé tout mon cercle d'ami très proches. Un coupage de ponts, une "trahison" (expliqués plus haut en italique), ce n'est pas rien, et c'est encore une blessure fraîche pour moi aujourd'hui.
Malheureusement, pas que pour moi... Lui avait vécu tous ces évènements avec moi, les avait pris pour lui comme je les avais pris pour moi. La flèche, la blessure, tout ça sont des matérialisations de ce qui s'est passé avec elle.
Une vague de colère monta en moi. Cette histoire ne finira donc jamais, on n'arrivera donc jamais à tourner la page ?!
Je le regardai, ses yeux trahissaient toujours toutes ces émotions contradictoires... Pour lui non plus, la trahison n'a pas été facile.
- Il faut qu'on arrive à passer ça, dis-je en examinant d'un peu plus près la blessure toujours ouverte sur sa cuisse. On a quelqu'un d'autre maintenant. Il faut qu'on arrive à passer au-dessus du reste. On n'a besoin de rien d'autre qu'elle et la meute à présent.
Son regard retrouva sa lueur toujours un peu amusée. Il ne recommencerait quand même pas à se foutre de moi ?
- Qu'est-ce qu'il y a de drôle ?
- T'as pensé à Daem ? (Daem est un des alters d'une des membres de ma meute, celle qui est évoquée dans le "on a quelqu'un d'autre" (j'essaye de préserver l'anonymat un minimum mais ça va être peine perdue sur ce forum XD), qui avait des sentiments pour cette amie qui nous a trahi, et qui a encore plus de mal à s'en relever qu'elle-même)
Stupéfaction.
- Tu vas pas t'y mettre toi non plus ! Il y a quoi avec Daem ?
- Pour moi, rien. Pour lui en revanche... C'est tout autant compliqué. Lui aussi doit tourner la page.
Je ne répondis rien. C'était un autre problème qui serait traité en temps et en heure. Chaque chose en son temps.
- Commençons déjà par ta blessure. Il faut pas la laisser comme ça.
Je l'aidais à se relever. Debout, son épaule arrivait à hauteur de ma poitrine. J'agrippais des touffes de poils de son cou d'une main, et passa mon autre main au niveau de son poitrail, derrière ses pattes avant, pour le soutenir (inutilement bien sûr, vu la taille du loup). Tant bien que mal, je l'amena en contrebas dans le ruisseau, où il s'assit et tendit sa patte arrière droite. Je m'accroupis à côté de lui et commença à frotter les poils collés de sang et autres saletés. J'utilisais mes doigts pour démêler les poils tout en repensant à la situation, et surtout à lui.
- Tu ne m'as toujours pas dit ton vrai nom.
Il poussa un grondement bref et étouffé. Il se foutait définitivement toujours de moi, c'est vraiment une sale manie.
- Tu ne me le diras jamais, pas vrai ? Est-ce qu'au moins Atsyl ça te convient ?
Il tourna sa tête vers moi en la rejetant sur le côté. Comment expliquer cette position étrange... Disons que ses yeux étaient à la verticale plus qu'à l'horizontale, le museau pointé vers moi, je voyais le dessus de sa truffe. Il avait une tronche de louveteau comme ça, avec ses beaux yeux ambrés. Mais justement, la lueur de ses yeux cassait tout le reste. Je crois que j'ai la réponse à ma question. Il ne me le dira jamais, ou du moins, pas pour le moment. Mais je suis têtue, un jour, je trouverai bien.
- J'ai d'autres questions à te poser.
Il replaça sa tête sur un axe plus naturel, le regard tourné vers la forêt en face de lui, comme perdu dans ses pensées. Cependant, son oreille droite en arrière tournée vers moi, je compris qu'il m'écoutait et qu'il attendait.
Tout en continuant à démêler ses poils, je réfléchis à comment l'interroger.
- Est-ce que tu es vraiment un animal-totem, ou est-ce que tu es autre chose ? Un alter, par exemple ?
Un léger souffle, comme quelqu'un qui pouffe, a été ma seule réponse. Je fis mine de me vexer et ne dit plus rien tandis que je continuais de nettoyer sa blessure. Les poils étaient décollés, je passais doucement mon doigt sur la blessure elle-même pour enlever le sang et tout ce qui a pu s'infiltrer dans la chair.
- Tu n'as toujours pas compris l'adage que je t'ai offert la dernière fois. Tu es toujours impatiente, tu ne prends pas le temps, tu ne laisses pas les choses venir à toi. Laisse le temps faire son chemin, tout s'éclaircira au fur et à mesure.
- Mais ça fait si longtemps que j'attends ! Je suis quelqu'un qui a besoin de stabilité, je ne t'apprends rien. J'ai besoin de savoir.
Il laissa un sourire en coin apparaître sur son visage (ça fera toujours étrange pour un loup) mais ne répondit plus rien.

Je l'aidai ensuite à se relever et nous retournâmes au centre de la clairière, au pied du rocher, où il s'allongea. Je passai en puma et me faufila entre ses pattes avant, calant ma tête dans son cou, dos à lui. Son pelage froid et mouillé sur son ventre et ses pattes avant me firent frissonner, mais je ne dis rien. J'étais bien entre ses pattes, ça faisait longtemps, je ne voulais plus en sortir.
- Je ne veux pas te perdre à nouveau, lui avais-je dit. Je ne veux pas qu'on perde contact une fois de plus. Je veux apprendre à te connaître davantage, je veux faire mon quotidien avec toi.
- Alors continue de méditer. Ne laisse jamais tomber, ne laisse jamais les doutes venir à toi.
Toute la scène commença à devenir de plus en plus sombre. Je sus qu'il était temps de partir. Je restai tout de même collée à lui et continua de lui parler jusqu'à mon "réveil".
- Je veux être proche de toi à toute heure. Je ne veux plus te laisser loin de moi. Je veux que tu restes avec moi...